L’histoire de la République mauricienne et de son passé colonial remonte à 400 ans. Le territoire n’est habité que depuis moins de trois siècles. Notre identité s’est, malgré ce lapse de temps relativement court, enrichie de la diversité culturelle des immigrés et de leur patrimoine immatériel - langue, cuisine et religion.

Le patrimoine bâti de l'île Maurice porte le témoignage de ces racines et cultures ancestrales. L’ancienne section du Cimetière de L’Ouest à Port-Louis en est un exemple. Les pierres tombales dont les inscriptions sont en français, en anglais et en urdu, portent la marque des maîtres ouvriers venus de France et de L’Inde. Les bâtisseurs du port furent les artisans des comptoirs français. Ils vinrent de Normandie, de Bretagne et de la Grande-Péninsule.

Abandonné, en piteux état mais incroyablement riche au plan historique, le Cimetière de L’Ouest mérite d'être mis en valeur pour la postérité. Quelques centaines de mètres carrés recèlent, en effet, une forte concentration de tombes où reposent des personnages illustres: administrateurs, hommes politiques, prêtres, militaires. Lire l’histoire du pays à même les pierres tombales est une bien riche expérience.

• L'importance du cimetière de l'Ouest
• Les objectifs
• Les cimetières ailleurs
• Plan du projet
• Paramètres du projet
• Coût du projet

L’importance du cimetière de l’Ouest

Les premiers habitants de l'île Maurice, les Hollandais (1598-1710), n’ont pas laissé de nécropoles à la postérité. Les Français eux s’établirent à Port- Louis dans les années 1720 et créèrent le Cimetière de l’Enfoncement au Jardin de la Compagnie, qui se trouve aujourd’hui au Centre de la Cité. Il ne reste, toutefois, que peu de traces de ce cimetière, les ossements ayant été transférés au Fort Blanc, plus connu aujourd’hui sous le nom du Cimetière de L’Ouest. La création de ce cimetière à proximité du Caudan remonte à 1771, quand celui du Jardin de la Compagnie fut désaffecté. Aujourd'hui, le Cimetière de L’Ouest est un établissement public géré par la municipalité de Port- Louis.

Les tombes du Cimetière de L’Ouest se lisent comme un répertoire des personnages ayant marqué l’histoire de l'île Maurice. Ce cimetière contient un certain nombre de monuments funéraires importants. De plus, une analyse des tombeaux révèle certaines caractéristiques de l’histoire locale et de sa région. Le premier mort à y être inhumé fut un maçon hindou, né en 1700, arrivé à l'île de France pour la construction des premiers bâtiments en pierre de la capitale. Son tombeau révèle le rôle clé que jouèrent les artisans de Pondichéry dans le développement architectural de l'île.

L'élite coloniale de l'époque était aussi enterrée au Fort Blanc. Il est intéressant de noter qu’un sorte de démocratie posthume a valu aux gouverneurs français d'être enterrés à côté des descendants d’esclaves. On y trouve, parmi les morts prestigieux, la tombe de Lislet Geoffroy, cartographe réputé, fils d’une princesse asservie de Guinée et d’un officier militaire français.

Les monuments funéraires démontrent aussi le rôle des militaires britanniques hors de la conquête de l'île. Un grand nombre d’officiers, de soldats et de marins anglais moururent à Maurice au cours du 19e et du 20e siècle, et y furent enterrés ; de même, leurs compatriotes qui, à titre civil, administrèrent l'île Maurice jusqu'à son indépendance. Des missionnaires, dont la responsabilité pastorale s'étendait de Maurice à Madagascar et aux Indes, furent aussi inhumés au Cimetière de L’Ouest. Le rôle de beaucoup de ces morts est aujourd’hui oublié, mais des hommes comme Jean Le Brun et d’autres précurseurs ont grandement influencé le développement social, économique et politique de l’île Maurice.

L’importance du projet de réhabilitation du Cimetière de L’Ouest relève d’un devoir de mémoire et aidera à inculquer à tout citoyen le respect de notre histoire collective.

Les objectifs

L’objectif principal est de préserver le patrimoine historique du Cimetière de L’Ouest à des fins historiques et non-lucratives.

Restauré et mis en valeur, le cimetière peut devenir une zone de loisirs et de détente à proximité du “Pleasure Ground”, ancien lieu de promenade pour les citadins et habitants de Cassis, banlieue de Port-Louis.

L’industrie touristique sera ainsi agrémentée d’un site culturel additionnel dans le port. Les Mauriciens et les étrangers seront incités à visiter le lieu après sa restauration. L'économie locale bénéficiera de l’apport des visites guidées.

Le Cimetière de L’Ouest aura surtout une importance éducative et historique susceptible de plaire aux Mauriciens aussi bien qu’aux touristes.

Les cimetières ailleurs

Les cimetières sont de grands reposoirs où s’inscrit l’histoire d’un peuple.

Anthropologues, historiens, sociologues et bien d’autres sont fascinés par leur contenu, leur architecture, leur topographie et par la vie des personnages qui y sont inhumés. Il importe toutefois de bien les maintenir et de fournir à tout visiteur une information écrite et visuelle susceptible d'éveiller son intérêt.

Ceux d'Amérique du Nord sont souvent des espaces de loisirs et de récréation parcourus de très grandes avenues et agrémentés d’arbres verdoyants.

Les grandes nécropoles ont même des tours guidés. Il en est ainsi pour ceux de Paris, Londres, Prague et Milan qui attirent un très grand nombres de touristes. Hommes et femmes célèbres choisissent d'être, par exemple, enterrés au Père Lachaise. La demande est si forte qu’il faut retourner les tombes tous les cinq ans pour d’autres inhumations. Des tours guidés et des brochures contribuent à des découvertes enrichissantes. Ces cimetières sont maintenus grâce aux fonds qu’ils prélèvent de telles activités. Guides, jardiniers, maçons ainsi que d’autres professionnels et artisans y trouvent de l’emploi.

Il devrait être possible aux cimetières de l'île Maurice, surtout au Cimetière de L’Ouest, de se prévaloir de telles ressources économiques et structurelles pour assurer la maintenance et la préservation des tombes.

Plan du projet

I Création de la Fondation

• Finalisation de la structure légale de la Fondation
• Présentation aux partenaires
• Etablissement des liens avec les autorités municipales
• Finalisation des aspects financiers

II Inventaire, recherche( terrain et bureau) et planification des travaux

• Inventaire et cartographie des tombes au cimetière
• Identification des tombes ayant un intérêt particulier pour l’histoire, l’architecture et le patrimoine. Compilation de dossiers sur les personnages et anecdotes concernant la vie.
• Relevé des propriétaires de tombes
• Planification de la restauration des tombes et de l’entretien du site
• Planification de sentiers de visite, panneaux, arbres, etc.
• Préparation des cahiers de charges pour les contracteurs

III Restauration de tombes

• Réhabilitation des tombes ou une sélection des sépultures
• Tracé des sentiers, érection des panneaux, plantation des arbres
• Organisation des travaux
• Surveillance du progrès des travaux

IV Intégration du cimetière

• Formation des guides parmi les résidents locaux et les opérateurs économiques
• Publication d’un dépliant de visite, et d’une plaquette avec des notes explicatives.
• Insertion du cimetière dans un circuit touristique et éducatif de la ville de Port-Louis, particulièrement à travers les tours-opérateurs.

Paramètres du projet

Physique

Dimensions du cimetière 250m x 250m

Longueur des sentiers

            (section historique) 1,600m

Coûts estimés

Réfection

Coût de la réfection des sentiers   Rs 300 /m linéal

Coût du projet