Les premiers habitants de l'île Maurice, les Hollandais (1598-1710), n’ont pas laissé de nécropoles à la postérité. Les Français eux s’établirent à Port- Louis dans les années 1720 et créèrent le Cimetière de l’Enfoncement au Jardin de la Compagnie, qui se trouve aujourd’hui au Centre de la Cité. Il ne reste, toutefois, que peu de traces de ce cimetière, les ossements ayant été transférés au Fort Blanc, plus connu aujourd’hui sous le nom du Cimetière de L’Ouest. La création de ce cimetière à proximité du Caudan remonte à 1771, quand celui du Jardin de la Compagnie fut désaffecté. Aujourd'hui, le Cimetière de L’Ouest est un établissement public géré par la municipalité de Port- Louis.
Les tombes du Cimetière de L’Ouest se lisent comme un répertoire des personnages ayant marqué l’histoire de l'île Maurice. Ce cimetière contient un certain nombre de monuments funéraires importants. De plus, une analyse des tombeaux révèle certaines caractéristiques de l’histoire locale et de sa région. Le premier mort à y être inhumé fut un maçon chrétien d'origine indienne, Jacques Pitcha, né en 1700, arrivé à l'île de France pour la construction des premiers bâtiments en pierre de la capitale.
La finesse de son tombeau révèle le rôle clé que jouèrent les artisans de Pondichéry dans le développement architectural de l'île.
L'élite coloniale de l'époque était aussi enterrée au Fort Blanc. Il est intéressant de noter qu’un sorte de démocratie posthume a valu aux gouverneurs français d'être enterrés à côté des descendants d’esclaves. On y trouve, parmi les morts prestigieux, la tombe de Lislet Geoffroy, cartographe réputé, fils d’une princesse asservie de Guinée et d’un officier militaire français.
Les monuments funéraires démontrent aussi le rôle des militaires britanniques lors de la conquête de l'île. Un grand nombre d’officiers, de soldats et de marins anglais moururent à Maurice au cours du 19e et du 20e siècle, et y furent enterrés ; de même, leurs compatriotes qui, à titre civil, administrèrent l'île Maurice jusqu'à son indépendance.
Des missionnaires, dont la responsabilité pastorale s'étendait de Maurice à Madagascar et aux Indes, furent aussi inhumés au Cimetière de L’Ouest.
Le rôle de beaucoup de ces morts est aujourd’hui oublié, mais des hommes comme Jean Le Brun et d’autres précurseurs ont grandement influencé le développement social, économique et politique de l’île Maurice.
L’importance du projet de réhabilitation du Cimetière de L’Ouest relève d’un devoir de mémoire et aidera à inculquer à tout citoyen le respect de notre histoire collective.
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